Ce début d’année 2021 est un tournant décisif pour tous les défenseurs des droits des animaux. L’Assemblée Nationale vient d’adopter, en première lecture, la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. Le texte aborde la condition animale sous différents aspects et notamment celle de la vente d’animaux en animalerie.
Après le Royaume-Uni l’an passé, c’est au tour de la France de proscrire ces ventes. Qu’est-ce que cela implique ? Retour sur l’actualité relatif au droit animal en France.
Une loi indispensable pour lutter contre la maltraitance animale
Le mardi 26 janvier 2021 a débuté l’examen du projet de loi concernant le combat contre la maltraitance animale. Mené courageusement par Laëtitia Romeiro Dias (députée LaREM, Essonne), Loïc Dombreval (député LaREM, Alpes-Maritimes) et Dimitri Houbron (Agir ensemble, Nord), l’amendement prévoyant d’interdire les ventes d’animaux en animalerie a finalement été signé, dans l’attente d’être validé par le Sénat.
C’est donc à l’horizon 2024 que la vente d’animaux en animalerie pourrait être prohibée. Malheureusement, cet amendement ne concerne aucunement les NAC (nouveaux animaux de compagnie) comme les lapins ou les hamsters, que l’on retrouve également au sein de ces boutiques spécialisées. Cependant, cela représente une petite victoire pour les associations de lutte contre la maltraitance animale.
Par ailleurs, même si la vente d’animaux en animalerie est sur le point de prendre fin, que va devenir la vente en ligne ? Et bien, celle-ci sera autorisée sous encadrement strict, et ce, en dépit du nombre important de non-professionnels mettant en ligne des annonces commerciales. Effectivement, le Ministre de l’Agriculture, M. Denormandie, juge que cela mettrait “en difficulté les éleveurs professionnels”, si la vente d’un animal sur internet avait été interdite définitivement. Ainsi, les refuges et les éleveurs, ayant une immatriculation le leur permettant, pourront proposer canidés et félidés à la vente.
Ce qui ne rassure pas Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis, qui exprime avoir “des réserves quant à l’efficacité des mesures prises”. Puisque, le Ministère de l’Agriculture considère “comme éleveur, toute personne vendant au moins un chien ou un chat issu d’une femelle reproductrice lui appartenant ». Des mesures sans nul doute trop légères aux yeux des associations militantes.
Malgré les dissonances, cet amendement contribue à limiter les conséquences directes de cette “marchandisation” incontrôlable. En effet, interdire la vente d’animaux en animalerie permettra notamment d’éviter ou du moins restreindre :
– l’alimentation des fermes-usines qui produisent des animaux en masse ;
– les trafics et les importations dangereuses et illégales d’animaux sur le territoire français ;
– le sevrage précoce, la sélection morphologique et le manque de contact humain pour l’animal ;
– l’achat non réfléchi voire impulsif d’un animal exposé en vitrine et vu comme
un produit de consommation.
Pour rappel, les répercussions liées au commerce d’animaux conduisent inévitablement à des problèmes de comportement chez l’animal adopté et donc à un des abandons prématurés, en hausse chaque année.
La France interdit la vente d’animaux en animalerie, mais pas seulement…
61 % des Français déclarent être favorable à l’interdiction de vente d’animaux en animalerie et 64 % souhaitent faire interdire la vente via les petites annonces. C’est ce que révèle une enquête de l’Ifop pour la Fondation 30 Millions d’Amis, concernant l’opinion des Français, au sujet des propositions de loi destinées à contribuer au bien-être animal. Mais cette enquête affirme surtout que la protection animale reste un intérêt majeur chez une grande majorité des Français.
Néanmoins, il sera rendu obligatoire d’obtenir un certificat de connaissance pour tout nouvel acquéreur d’un animal de compagnie. Des dispositions visant à sensibiliser et responsabiliser les futurs adoptants et une décision qui s’accorde avec l’opinion des citoyens.
Par ailleurs, l’Assemblée Nationale adopte les amendements concernant :
– la captivité de la faune sauvage ;
– la fin des élevages de visons en France d’ici deux ans ;
– les droits des animaux ;
– les procédures à propos de l’animal dans les fourrières ;
– l’éthique animale.
Des mesures qui s’acheminent donc vers un changement radical des conditions de détention et d’exploitations d’animaux en France.
Bien qu’il faille attendre la décision du Sénat, les organisations animales continuent le combat. En effet, des sujets clivants comme la chasse et les animaux d’élevage ont été volontairement mis de côté, mais nécessite plus que tout l’ouverture d’un débat politique.